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Le lit, pas fait, est recouvert d’un édredon qui passe au travers d’une guipure en coton son rouge décoloré. On y voit le creux que vient de laisser le corps de Dingo.

Près de la glace de la cheminée, des photographies sont posées en éventail sur un appareil en fil de fer. D’autres sont insérées dans la rainure du cadre de la glace. Quelques-unes portent des dédicaces. Ce sont des souvenirs de camarades, vieux cabots aux faces couturées, aux rictus en bonne place, jeunes actrices à grands chapeaux, vieilles actrices aux têtes rondes qui ressemblent à de vieux grimes. À la place d’honneur : Coquelin et Guitry.

On m’offre un fauteuil, un de ces fauteuils empire, comme il n’en existe plus que dans les chambres meublées. Je m’assieds. Il fait froid dans cette pièce. La cheminée est fermée par un panneau couvert de papier peint à sujet. Et, comme on n’a pas ouvert la fenêtre, l’air est à la fois épais et glacial. On sent cette odeur de garni, odeur combinée d’acajou, de chanvre et de pétrole.

Je l’avoue, je suis un peu déçu. J’avais vaguement imaginé un intérieur de petite grue, des meubles clairs et comme en papier, enfouis sous des chiffons roses et des dentelles fausses, une glace sous une écharpe de tulle, une coiffeuse avec les brosses, les limes et le bâton de rouge alignés comme à