Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/368

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quée, ces nuits avec le vieil acteur, laid comme un crapaud, dont on a pitié et non pas envie, mais qui tout de même peuple la solitude d’une chambre d’hôtel.

Je fus tiré de mes pensées moroses par Dingo qui, tout le long du chemin, se montra joyeux, obéissant et tendre.

Pendant quelque temps, d’ailleurs, il fut d’une sagesse exemplaire. Il semblait avoir compris les dangers de Paris. Il se promenait dans les jardins du Trocadéro, mais était inquiet quand il ne m’apercevait pas à la fenêtre de mon cabinet. S’il sortait avec moi, il était docile. Parfois, cependant, il s’écartait pour suivre une nourrice poussant une voiture d’enfant. À cet amour des enfants qu’il avait déjà à Ponteilles, il avait ajouté une tendresse manifeste pour les nourrices, pour toutes les nourrices. Aimait-il en elles les compagnes naturelles des petits enfants, s’amusait-il de leurs grands rubans qui pendent jusqu’à terre ou goûtait-il leur cordialité campagnarde ? Son antimilitarisme n’avait pas diminué. Son horreur des uniformes était la même. Il grondait sourdement chaque fois qu’il rencontrait un officier ou un soldat, un garde municipal, un sergent de ville ou un employé d’octroi.

Dingo faisait de méritoires efforts pour devenir