Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/377

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— Quand je faisais mon droit, monsieur, j’ai trouvé un soir un magnifique lévrier russe, qui s’était égaré… Je l’ai emmené au café, où mes amis et moi avions l’habitude de jouer aux cartes… Je l’ai gardé chez moi deux jours. Une petite affiche jaune posée sur un mur m’apprit l’adresse et le nom de sa propriétaire. Oh ! vous savez… une dame épatante… et puis tout… elle avait un hôtel. Eh bien, monsieur, cette femme qui recevait chez elle des ducs…, des princes… elle était en carte… en carte. Eh bien, j’ai arrangé la chose. Vous voyez qu’il est quelquefois utile de perdre son chien…

Et il répéta, en souriant avec fatuité :

— Oui… oui… j’ai arrangé la chose…

Il se souvint que le voleur était là et dit à l’agent :

— Au dépôt, ce soir…

J’intercédai.

— Oh ! impossible, monsieur… cheval de retour… Pas intéressant, pas intéressant du tout.

L’agent avait emmené le voleur. Le commissaire me dit :

— Vous n’aurez aucun ennui… aucun. Seulement, pour la régularité des choses… un petit certificat de vétérinaire, constatant qu’il n’est pas enragé.

Et, tapant doucement la table du bout des doigts, il scanda les mots :

— Un petit certificat… un tout petit certificat…