Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

son collier, sa chaîne, au coin d’une rue… Plus jamais je ne l’ai revu. La police fouilla Londres, fouilla la banlieue de Londres, fouilla l’Angleterre… Rien… Ah ! ne me parlez pas de Sherlock Holmes, qui échoua piteusement dans ses recherches, lesquelles finirent par me coûter quinze cents livres… Aucune trace, nulle part, de mon chien. Le seul résultat de tout ceci, c’est que, malgré les embrocations, tous les remèdes de cheval qui me furent appliqués, je restai avec un bras inerte et douloureux, durant quatre longues semaines… Au Club, sir Thomas Lavenett, qui a fait de si remarquables travaux sur le sens de l’orientation chez les pigeons voyageurs, m’expliqua, au moyen de graphiques et de diagrammes, que ce diable de chien, après de longs voyages, de port en port, de paquebot en paquebot, de randonnées en randonnées à travers les plus extravagants pays, était sûrement retourné dans l’Alaska… Je le crois… ma foi ! je le crois. Je le crois, parce que sir Thomas Lavenett est une autorité scientifique des plus respectables et surtout, parce qu’en fait de roublardise, de connaissance de la vie, d’habitudes civilisées, de notions géographiques, militaires, culinaires, policières, rien ne m’étonne plus désormais des chiens sauvages. »

Et, revenant aux dingos pendant quatre lon-