Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/433

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Je lui demandai :

— Flamant… voulez-vous m’aider à l’enterrer ?

Sans répondre, il prit sa pioche, une pelle, et me suivit.

Je le menai au bout du jardin, à la place que J’avais choisie pour la sépulture de Dingo.

— Là… au pied de ce chêne, Flamant.

Flamant approuva :

— Oui là… il sera bien.

Quand la fosse fut creusée, nous allâmes chercher Dingo. Avec des mains délicates, des mouvements pieux et très doux, Flamant déposa le cadavre sur une brouette. Et le braconnier l’ayant conduit lentement, près du trou, l’inhuma comme il eût fait d’un être très cher. Puis il recouvrit le trou de plaques de gazon, qu’il avait levées sur une pelouse.

— Merci, Flamant, dis-je… Vous êtes un brave homme.

Je lui serrai la main, y glissai quelques pièces d’or.

Flamant me les rendit, et secouant la tête, tristement, il dit :

— Non, monsieur, non… ça, je ne peux pas… je ne le connaissais pas beaucoup, c’est vrai… Mais il était si beau !… Et puis, qu’est-ce que vous voulez ?… Quand je travaillais chez vous, il ne me quittait pas… Il se couchait dans l’allée, en face de