Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/113

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découverte un peu tardive… Voilà qui est ennuyeux… Car ils ont raison… Ça ne vaut rien du tout… J’ai idée que c’est la Vérité qui nous gêne… Elle est très jolie… mais pas à sa place, derrière Zola… Il faut absolument la mettre devant… Qu’en dites-vous ?

— Essayons de la mettre devant… consentit Constantin Meunier.

— Essayons.

Placée devant, la Vérité produisit un effet plus déplorable encore. Et puis elle annulait la glèbe, le mineur.

— Diable ! s’écrièrent, avec un ensemble plus parfait que leur œuvre, les deux artistes terrifiés…

Et ils réfléchirent longuement.

— Si on l’habillait ?… proposa Constantin Meunier.

— La Vérité ?

— Oui… Eh bien, quoi ?

— Une Vérité habillée ?… Ce ne serait plus la Vérité… Non… Essayons à droite.

— Essayons… acquiesça Constantin Meunier.

On transporta la Vérité à droite… Mais…

— Non, non… quelle horreur !… Enlevez…

Constantin Meunier se cache la face… Tout se déséquilibre du monument… Tout s’effondre… tout fiche le camp, comme on dit dans les ateliers.

Le problème devenait de plus en plus ardu.

— Alors, à gauche, invita, pour la deuxième fois, M. Alexandre Charpentier.

Le pauvre Constantin Meunier n’avait plus la foi. Il répondit, mollement :

— Essayons à gauche.

On transporta la Vérité à gauche.

— Impossible !

Tel fut le cri que poussèrent simultanément Constantin Meunier et M. Alexandre Charpentier.