Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/138

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Seule, la femme du Belge notoire ne désarma pas. Elle regarda, avec une expression de haine, le haut fonctionnaire qui maintenant se taisait et piquait, du bout des doigts, une praline de chocolat, dans une bonbonnière… puis, haussant les épaules si fort qu’une rose, détachée de son corsage, roula sur le tapis :

— Oh ! vous… d’abord… grinça-t-elle.

On ne parla plus du Roi… On parla de Paris et on parla d’art, et on parla d’art et de Paris, de Paris et d’art.

Naturellement !…

Naturellement aussi, je m’esquivai du mieux que je pus.



Le caoutchouc rouge.


Je m’arrête devant une petite boutique, dont l’étalage est étrange : des pyramides de petites meules, petits cubes, petits cylindres, petits parallélipipèdes, petits pains d’une matière mate, alternativement grise et noire. Rien d’autre. Pas d’indication. Aucune étiquette. Le front collé à la vitre, je distingue, dans le magasin, un homme épais, en redingote, qui, cigare aux dents, lit un journal. L’enseigne porte ce seul nom, écrit en rouge : « Blothair et Cie ».

J’entre ; j’interroge.

— Qu’est-ce que cela ?

L’homme en redingote s’est levé. Il pose le journal sur une chaise, son cigare sur le bord d’une table, s’incline, sourit et dit :

— Des échantillons de caoutchouc, monsieur.