Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/16

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tant de savants obscurs s’acharnent à conquérir, pour nous, chaque jour, un peu plus de bonheur…



Cette liberté, je ne la revendique pas, cher monsieur Charron, pour déclarer, tout de go, que vous avez inventé l’automobile. Mais, de vous y être passionné, l’automobilisme vous doit beaucoup. Parmi les constructeurs français — j’ai plaisir à le reconnaître — vous êtes certainement celui qui apporta le plus de progrès notables à cette industrie. Ingénieux, pratique et tenace, vous n’avez cessé de chercher et de trouver des améliorations, vous n’avez cessé de créer des dispositifs, adoptés universellement aujourd’hui, grâce à quoi nos moteurs ont atteint ce degré de presque-perfection, où nous les voyons en ce moment. Et ce qui m’étonne le plus, et dont je vous loue infiniment, c’est que vous vous soyez aussi préoccupé de leur donner une forme harmonieuse, et de doter la machine, comme un objet d’art, de sa part de beauté.

Je vous ai suivi, avec un intérêt grandissant, depuis le jour où, dans les sous-sols de l’avenue de la Grande-Armée — vous n’aviez pas d’usine en ce temps-là — vous convoquiez quelques personnes à venir voir les pièces du premier châssis que vous alliez monter… J’en étais… Je me souviens qu’un curieux personnage, un Américain, qui n’est pas un inconnu et qui est roi, comme pas mal