Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/17

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de citoyens de sa république, roi de l’Acier, M. Schwab, pour tout dire, en était aussi… Je le vois encore, prenant chaque pièce, successivement, et après l’avoir examinée, soupesée, éprouvée, flairée, disant :

— Ça, c’est de l’acier… À la bonne heure !… Voilà de l’acier !…

Si bien qu’avant de s’en aller il vous commanda deux châssis pour lui, dix autres, pour des Américains, des rois de quelque chose évidemment, dont il vous donna les noms et les adresses.

Et il ajouta :

— S’ils n’en veulent pas… tant pis pour eux !… Je les prendrai, moi… Marchez !… Marchez !… Ça, c’est de l’acier…

Et moi, qui ne suis roi de rien, entraîné par l’exemple de M. Schwab, j’en commandai un, également.

— Bon !… s’écria M. Schwab… Parfait !… Et si, au dernier moment, vous n’en voulez pas, non plus… je le prends… C’est de l’acier !



Lors de ce voyage que j’entreprends de raconter ici, M. Schwab me rappelait cette journée, un soir que je le vis entrer dans Delft, où moi-même je venais d’arriver…

Ce fut une soirée assez comique, vraiment, et bien américaine.