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Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/220

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— Je n’en sais rien… la question ne se pose pas chez nous… Soyez sûr que nous en ferions quelque chose… Tenez, c’est comme votre vent, dans le Midi, le mistral… Oui… Eh bien ! qu’est-ce que vous en faites ?… Rien, non plus… Pourtant, je me suis laissé dire qu’on sait parfaitement où il se forme… Rien de plus facile alors que de le capter et de s’en servir… Mais non… vous le laissez souffler où il veut, comme il veut… C’est de la gâcherie, monsieur… de la vraie gâcherie…

Mais je crois bien qu’il se moquait de moi…

Ce terrible élément de l’eau, le Hollandais a pu l’assouplir, le domestiquer, le faire servir docilement à toutes les nécessités, à tous les décors de son existence. L’eau est non seulement la parure de la Hollande ; non seulement elle est le grand moyen de circulation, et, en quelque sorte, le système vasculaire du pays ; non seulement elle est la rue, la route, le chemin de traverse, la voie qui, par mille dérivations, fait communiquer entre eux les grands centres, les villages, les hameaux, les fermes, les masures, les étables isolées dans le polder, les châteaux, les jardins, les parcs, échelonnés le long des digues ; elle fait aussi office d’engrais merveilleux, de basse-cour pour les canards dont il y a partout d’immenses élevages ; elle sert de bornage, de délimitation cadastrale ; elle sépare et identifie les propriétés. Sur la pittoresque route de Groningue à Zwolle, j’ai longé toute une série de petits villages, où chaque maison, chaque champ, chaque jardin est entouré d’eau, comme ailleurs, de murs, de haies, de grillages. On se croit, tout d’un coup, transporté au temps des habitations lacustres. Rien n’est joli, et étrange, et miroitant, comme cette succession de palafittes multipliés par leurs reflets, où l’on voit travailler durement