Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/258

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Et son geste avait une telle ampleur, qu’il semblait vraiment razzier l’univers…

Je savais, moi, que las de ne pouvoir arriver à y exploiter une montagne d’or, il avait, dans les années 90, quitté Le Cap, justement sur le bateau qui avait amené, dans la colonie, Cécil Rhodes, mourant… Puis, en quête d’une source d’énergie, qui lui permît de poursuivre des expériences de thermochimie, je crois, pour lesquelles il se passionnait, il avait cherché du charbon en Amérique, avait dû revendre à vil prix un charbonnage extraordinaire, qu’il n’avait pas le moyen de mettre en exploitation, et il était venu, dans le Sud-Est de la France, s’intéresser à l’industrie naissante des Centrales hydro-électriques, la dernière à laquelle je l’eusse vu prendre part à Grenoble…

Il admirait que les circonstances l’eussent fait renoncer…

— À toutes ces affaires… médiocres… vraiment médiocres.

Je protestai.

— Non… non… je vous assure… très, très médiocres.

Il admirait surtout que les mêmes circonstances l’eussent enfin amené à choisir la riche, industrieuse, économe et féconde Hollande pour y fonder…

— Ah ! ça… ça en vaut la peine… quelque chose comme la Bourse des Bourses où l’on ne spéculera plus… enfantillage !… sur les chances de l’activité, de la production contemporaines – aucun intérêt ! – mais véritablement, sur des probabilités pures… sur des futuritions… et à Rotterdam… Rotterdam… épatant !… Rotterdam, mon cher, qui n’est pas seulement la première place de commerce de la Hollande… Rotterdam, à qui j’assigne…

De son index replié, il frottait activement son nez…