qu’elle avait glissé… qu’elle n’avait rien, etc.… La mère tirait sa fille par le bras ; elle clamait, furieuse : « Tais-toi donc !… Mais tais-toi donc !… Qui te demande quelque chose ? » Et elle s’adressa à la foule, assemblée subitement autour de nous, et qui n’avait rien vu : « Oui ! oui ! » dit la foule, donnant instinctivement raison à la mère… Un agent survint. Malgré les déclarations réitérées de cette jeune fille, éprise de justice, procès-verbal me fut aussitôt dressé… Quinze jours après, on me condamnait à douze cents francs de dommages et intérêts… Mais je ne regrette rien, car il me fut donné, à cette occasion, de relever un trait de votre caractère imaginatif, romanesque, qui m’a beaucoup amusé. En sortant de l’audience, un avocat, derrière moi, disait le plus sérieusement du monde : « Cette déposition de la jeune fille est louche… Il y a sûrement quelque chose là-dessous… Ce doit être l’amant ! » C’est égal, en Allemagne, une telle condamnation était impossible…
La conversation dévia. Nous en vînmes à parler des constructeurs d’automobiles, de la fabrication automobile. Il dit :
— Quand on a vu chez nous l’essor que prenait cette industrie, – vous l’avez créée, mais elle vous échappera, un jour ou l’autre, parce que vous êtes un drôle de peuple, séduisant en diable, mais peu tenace et léger, – l’Empereur a tout fait pour la développer également en Allemagne. Il n’est pas de choses qui ne l’intéressent, et il voudrait que l’Allemagne fût la première en tout, partout et toujours. Cela le pousse parfois à des actes désordonnés et vraiment comiques. Il est comme ces parents qui n’ont de cesse que leurs enfants aient tous les prix de leur classe, dussent-ils les abrutir, pour le restant de leur vie… Ce n’est pas, quoi qu’on dise,