Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de uhlans… Savez-vous ce qu’ils faisaient ?… Ils mangeaient le cambouis de nos voitures… Mais oui… tel est ce peuple, mon cher…

Si bien qu’ils avaient hésité longtemps à m’accompagner, dans ce voyage, qui, pour toutes sortes de raisons, leur tenait à cœur… Aussi, avant de partir, s’étaient-ils munis copieusement de toutes les recommandations politiques, diplomatiques, militaires et douanières… Nous avions un portefeuille bourré de certificats, d’attestations, et d’admirables lettres d’une très belle écriture, ornées de cachets rouges imposants. Les papiers hollandais disaient : « Nous prions les autorités, etc. » Les papiers allemands disaient : « Ordre est donné aux autorités. » Il y avait là une nuance plutôt rassurante… Mais, le moment venu de les mettre à l’épreuve, qu’allaient-ils peser, devant tant de barbarie ?…



La douane allemande.


Ce qui nous arriva, quand nous franchîmes la frontière allemande, à Elten…

Nous venions de passer un mois merveilleux, un mois enchanté, en Hollande, dans la douce et claire Hollande, encore tout émus de ses paysages de ciel et d’eau, de ses villes penchées, de ses musées. Il ne nous était rien arrivé de fâcheux, au contraire. Ici un accueil réservé et, au fond, bienveillant ; là, une hospitalité enthousiaste. Même en Frise, où une automobile est une bête presque inconnue, où la curiosité hollandaise se montre parfois gênante, nous n’avions suscité qu’une sorte d’étonnement respectueux… Du moins, cet étonnement, c’est ainsi