Page:Octave Mirbeau Un gentilhomme 1920.djvu/76

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vie haletante et parée, de chevaux, de chiens, de toilettes, de livrées. Et, parmi toutes ces élégances, toutes ces oisivetés, en mal d’ennui et de plaisir, quelle figure ferais-je avec mon habit si ridicule, et le plastron de mes chemises aux boutonnières effrangées ?… J’en étais là, de ces réflexions peu encourageantes, quand Berget, longeant l’aile gauche du château, arrêta tout à coup la voiture devant une petite porte de service.

— C’est là ! fit-il.

Il descendit de la tapissière et tira à plusieurs reprises le pied de biche de la sonnette… Au bout de cinq minutes, un valet de pied se présenta. Il commença par adresser un salut amical à Berget…

— Bonjour, monsieur Berget.

— Bonjour, monsieur Victor.

Il ramena de dessous sa blouse un paquet qu’il tendit au valet de chambre.

— Quelques papiers de la mairie… pour M. le marquis, expliqua-t-il.

Puis, ils parlèrent d’autre chose, entre autres de M. Joë. Je compris que celui-ci était un personnage important, et qu’il dirigeait l’élevage des chevaux… Tout à leur conversation, ils semblaient m’oublier. Je m’avançais… Alors, le valet se tourna vers moi, et me demanda presque insolemment, comme à un mendiant :

— Que voulez-vous ?