Page:Octave Mirbeau Un gentilhomme 1920.djvu/99

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leurs convictions, ne cherchant pas à leur inculquer les siennes.

— Je n’aime pas l’Empire, parbleu !… vous le savez… je ne puis lui pardonner nos défaites… Mais, en ce moment, ce qu’il faut, c’est une coalition de tous les honnêtes gens, contre l’ennemi commun : cette sale République… Plus de partis… rien que les braves gens !… L’Empire a commis des fautes… c’est sûr… mais enfin… il avait de la poigne… Et je lui sais gré d’avoir rétabli l’ordre et restauré la religion.

— Et puis, ajoutait maître Houzeau, dont le culte napoléonien se précisait de notions pratiques… et puis il a fait vendre le blé… on ne reverra jamais ces prix-là…

Ils pressaient le marquis de se présenter aux prochaines élections… Lui, bien sûr, saurait ramener les beaux temps de la prospérité agricole… Il connaissait les besoins de la terre, savait ce que c’était que le cultivateur. Mais le marquis se laissait prier, hésitait, finalement refusait…

— Qu’est-ce que cela te fait ?… disait-il à Houzeau… Ne m’embête pas davantage ; voyons, sacré mâtin… ai-je besoin d’être à la Chambre pour m’occuper de vos intérêts ?… Laisse-moi tranquille, animal…

Maître Houzeau répétait :

— Non… non… je ne vous laisserai pas