de loin la mort avec une certaine soumission à la Providence, sans laisser Dieu opérer en eux le détachement foncier de la vie. Il n’y a que la mort de l’esprit qui prépare bien à celle du corps. Certaines gens pensent souvent à la mort du corps sans laisser mourir leur esprit : au contraire, la mort de l’esprit rend indifférent à la mort du corps, lors même qu’on n’en est pas directement occupé. Sainte Monique disoit à son fils Augustin[1] : « Mon fils, il n’y a plus rien qui me plaise en cette vie ; je ne sais plus ce que je fais ici-bas, ni pourquoi j’y suis, toute espérance y étant éteinte pour moi. » Voilà la mort après laquelle il ne coûte plus rien de mourir. Il n’y a de fausse vie que l’amour-propre ; il n’y a de véritable vie que l’amour de Dieu. Dès que l’amour de Dieu a pris toute la place de l’amour-propre, on est mort à toute fausse vie, et vivant de la véritable. Il n’y a de vie que dans cette heureuse mort.
Voilà le nouvel homme qui se renouvelle de jour en jour pendant que le vieux se corrompt. Faites cela, et vous vivrez, dit Jésus-Christ[2]. Laissez Dieu être l’unique Dieu de votre cœur ; qu’il y brise l’idole du moi ; que vous ne pensiez plus à vous par amour-propre ; que vous soyez uniquement occupée de Dieu, comme vous l’avez été du moi sous de beaux prétextes. Sacrifiez le moi à Dieu ; alors paix, liberté et vie, malgré la douleur, la foiblesse et la mort même.
Ménagez vos forces d’esprit et de corps. Supportez-vous avec petitesse. M… est votre bâton : on porte le bâton dont on est soutenu. Que ne puis-je