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Page:Oeuvres; Correspondance;(Vol.XVI) (IA dli.granth.36916).pdf/144

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sans intervalle, je ne pourrois y résister long-temps.

Je viens de faire une mission à Tournai : tout cela s’est assez bien passé, et l’amour-propre même y pourroit avoir quelque petite douceur ; mais dans le fond le bien que nous faisons est peu de chose. Si on n’étoit soutenu par l’esprit de foi, pour travailler sans voir le fruit de son travail, on se décourageroit ; car on ne gagne presque rien, ni sur les hommes pour les persuader, ni sur soi-même pour se corriger. Ô qu’il y a loin depuis le mépris et la lassitude de soi-même jusqu’à la véritable correction ! Je suis à moi-même tout un grand diocèse, plus accablant que celui du dehors, et que je ne saurois réformer. Mais il faut se supporter sans se flatter, comme on doit le faire pour le prochain.



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155.
 
Souffrir sans perdre courage et avec fidélité, sous la main de Dieu, les opérations douloureuses qui nous rapetissent.

C’est dans la peine et dans l’amertume que je vous goûte davantage. J’ai vu de la candeur et de la petitesse dans vos lettres, et j’en remercie Dieu avec attendrissement. Il faut aimer ce que Dieu aime, et je ne doute point qu’il ne nous aime davantage quand il nous rapetisse en nous rabaissant. Pendant que cette opération vous est douloureuse, comptez qu’elle vous est utile et nécessaire. Le chirurgien ne nous fait du mal, qu’autant qu’il coupe dans le vif. Le malade ne sent rien quand on ne coupe que la chair déjà morte. Si vous étiez mort aux choses dont il s’agit, leur re-