Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/202

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si nous en aurions assez, et si j'aimais à boire. Combien sommes-nous, lui dis-je? Trois, dit-il, vous, ma femme et moi. Quand je bois du vin, lui répondis-je, et que je suis seul, j'en bois bien une demi-bouteille, et j'en bois un peu plus quand je suis avec mes amis. Cela étant, reprit-il, nous n'en aurons pas assez,; il faut que je descende à la cave. Il en rapporta une seconde bouteille. Sa femme servit deux plats ; un de petits pâtés, et un autre qui était couvert. ll me dit, en me montrant le premier: Voici votre, plat, et l'autre est le mien. Je mange peu de pâtisserie, lui dis-je, mais j'espère bien goûter du vôtre. Oh ! me dit-il, ils nous sont communs tous deux ; mais bien des gens ne se soucient pas de celui-là ; c'est un mets suisse ; un pot-pourri de lard, de mouton, de légumes et de châtaignes. Il se trouva excellent. Ces deux plats furent relevés par des tranches de bœuf en salade, ensuite par des biscuits et du fromage ; après quoi sa femme servit le café. Je ne vous offre point de liqueur, me dit-il, parce que je n'en ai point ; je suis comme le cordelier qui prêchait sur l'adultère,