Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/203

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j'aime mieux boire une bouteille de vin qu'un verre de liqueur.

Pendant le repas, nous parlâmes des Indes, des Grecs et des Romains. Après le dîner, il fut me chercher quelques manuscrits dont je parlerai quand il sera question de ses ouvrages. Il me lut une continuation d'Émile, quelques lettres sur la botanique, un petit poëme en prose sur le lévite dont les Benjamites violèrent la femme, des morceaux charmants traduits du Tasse. Comptez- vous donner ces écrits au public? Oh ! Dieu m'en garde, dit-il !je les ai faits pour mon plaisir, pour causer le soir avec ma femme. Oh oui ! que cela est touchant, reprit madame Rousseau ! cette pauvre Sophronie ! j'ai bien pleuré quand mon mari m'a lu cet endroit-là. Enfin elle m'avertit qu'il était neuf heures du soir : j'avais passé dix heures de suite comme un instant.

Lecteur, si vous trouvez ces détails frivoles, n'allez pas plus avant ; tous sont précieux pour moi, et l'amitié m'ôte la liberté de choisir. Si vous aimez à voir de près les grands hommes, et si vous chérissez dans un