Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/247

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veux être seul ; j'aime mon particulier. Je reviens si tranquille, si content de mes promenades solitaires ! là je n'ai manqué à personne, personne ne m'a manqué. Je serais fâché, ajouta-t-il d'un air attendri, de vous voir trop souvent; mais je serais encore plus fâché de ne vous pas voir du tout. Puis tout ému : Je redoute l'intimité ; j'ai fermé mon cœur ; mais j'ai un projet.... (faisant de ses mains comme s'il m'eût toisé) quand le moment sera venu... Que ne mettez-vous, lui répondis-je, un signal à votre fenêtre, quand vous voulez recevoir ma visite, comme vous vouliez en mettre un avec vos amis sur les bords du lac de Genève ? ou si vous l'aimez mieux, quand je vais vous voir et que vous voulez être seul, que ne m'en prévenez-vous ? L'humeur me surmonte, reprit-il, et ne vous en apercevez-vous pas bien ? Je la contiens quelque temps, je n'en suis plus le maître ; elle éclate malgré moi. J'ai mes défauts, mais quand on fait cas de l'amitié de quelqu'un, il faut prendre le bénéfice avec les charges. Il m'invita à dîner chez lui pour le lendemain.