Page:Oeuvres complètes de N. Macchiavelli, avec une notice biographique par J. A. C. Buchon.djvu/675

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culté à maintenir les états héréditaires accoutumés à la famille de leur prince, que les états nouveaux. En effet, il suffit à ce prince de ne pas outrepasser l’ordre et les mesures établies par ses prédécesseurs et de céder à propos aux évé

J’ose donc espérer que vous accueillerez ce faible hommage, en appréciant l’intention qui me fait vous l’offrir, et que vous rendrez justice au désir ardent que j’ai de vous voir remplir avec éclat, les hautes destinées auxquelles votre fortune et vos grandes qualités vous ap-nements, en sorte qu’avec une habileté ordipellent. Si, du rang où vous êtes élevé, vous daignez jeter un regard de bonté sur moi, sur les persécutions auxquelles je suis en butte, vous vous convaincrez de mon innocence, et de l’in-il pourra s’y rétablir pour peu que l’occupant justice de mes ennemis.

Tous les états, toutes les souverainetés qui ont ou qui ont eu autorité sur des hommes, ont été et sont ou des républiques ou des principautés.

Les principautés se distinguent en héréditaires dans la même maison qui règne depuis longtemps, ou en nouvelles.

Parmi les nouvelles, les unes sont ou entièrement nouvelles, comme l’était celle de François Sforce à Milan ; ou bien, ce sont comme des membres réunis à l’état héréditaire du prince qui les acquiert ; tel est le royaume de Naples à l’égard du roi d’Espagne.

Ces états ainsi acquis, ou vivaient sous un prince, ou jouissaient de leur liberté. On s’en rend maître, ou par les armes d’autrui, ou par les siennes propres, ou par quelque événement heureux, ou par son courage et son talent.

CHAPITRE II.

Des principautés héréditaires.

Je ne parlerai pas ici des républiques ; j’en ai traité amplement ailleurs’; je ne m’arrêterai qu’à la principauté seule ; et en suivant les divisions que je viens d’indiquer, j’examinerai comment on doit gouverner ces sortes d’états et les conserver.

Mais c’est dans une principauté nouvelle que se trouvent les difficultés. Et d’abord si elle n’est pas toute nouvelle, mais qu’elle soit comme un membre incorporé à une autre souveraineté, ce qu’on peut appeler souveraineté mixte, ses mutations naissent des difficultés qu’éprouvent naturellement les principautés nouvelles ; or, dans celle-ci les sujets changent volontiers de maîtres, croyant gagner au changement. Cette opinion leur fait prendre les armes contre celui qui gouverne ; ils se trompent cependant, et ils s’aperçoivent bientôt que leur situation n’a fait qu’empirer. Cette détérioration de leur position est une suite naturelle et nécessaire du changement même qu’ils viennent d’éprouver. En effet, tout nouveau prince est forcé de vexer plus ou moins ses nouveaux sujets, soit par la présence des gens de guerre qu’il est obligé d’y tenir, ou par une infinité