Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/103

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ferma dans des lignes plus nettes etplusfermes les accusations de cet homme dont la parole se prêtait volontiers à des contours vagues : il donna à des imputations nuageuses des formules incisives, pénétrantes ; et son Histoire des Brissotins n'aida pas médiocrement à la triste journée du 31 mai.

Camille fut-il de bonne foi en l'écrivant ? J'en douterais ; car son pamphlet n'articule guère que des griefs dont l'histoire a démontré la fausseté. Mais je n'oserais non j lus l'accuser de mensonge volontaire. Dans l'ardeur et la confusion des mêlées, on a des vertiges qui aveuglent, et des éblouissements aussi sincères que regrettables. Il faut n'avoir pas vécu dans des jours de crise pour être inexorable envers les égarements de ceux qui luttent. \J Histoire des Brissotins fut l'œuvre des passions de ce temps-là.

Si Camille fut sincère, faut-il le louer de cette œuvre ? Ce serait être plus indulgent, plus complaisant qu'il ne le fut envers luimême, et lui pardonner un libelle qu'il se reproche loyalement.

Mais faut-il le louer, même malgré lui, d'avoir contribué à précipiter les Girondins ?

Quand le passé pose à l'histoire une de ces questions formidables, la réponse est difficile. Si les passions des vivants furent partiales, la postérité froide n'est pas toujours un juge compétent. Il manque alors au problème quel-


I. — C. DESMOULINS. 4