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comme un éparpillement de la souveraineté.

En 93, les Jacobins voulurent substituer à la monarchie une et absolue la république une et indivisible, c'est-à-dire armée du pouvoir qui constituait la monarchie. Ils le voulurent avec l'esprit de la France, et c'est pour cela qu'ils triomphèrent.

La Gironde voulait la République pour affranchir le citoyen de l'oppression de l'autorité, et l'élément municipal de la domination écrasante de l'unité. La Gironde allait contre l'éducation monarchique de la France, contre les traditions catholiques d'un pays d'obédience, qui ne comprenait pas une république protestante, fédérative. Et c'est pour cela quo la Gironde fut vaincue.

La république absolue vainquit la république libérale.

Mais, après les épreuves que ta France a faites, n'est-il pas sage de douter que l'unité et l'indivisibilité de la République soient le gage le plus sûr de sa durée ? N'est-il pas permis de se demander si la liberté républicaine peut vivre longtemps dans une démocratie où le pouvoir est centralisé dans quelques mains ?

Les Girondins furent-ils donc si coupables pour avoir pressenti, prévu que la centralisation serait funeste à la France républicaine ? Furent-ils si criminels pour avoir rêvé de fédérer la République, comme elle le fut dans