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les Provinces-Unies, comme elle l'est en Amérique ? et méritèrent-ils donc la mort pour avoir voulu cantonner la liberté, comme elle l'est dans les montagnes de la Suisse.

Si l'on veut reprocher aux Girondins de n'avoir pas compris les nécessités de leur époque, il ftiut convenir aussi qu'ils eurent une perception plus nette des conditions de la liberté dans l'avenir.

Est-ce à dire qu'il faut condamner ceux qui ne comprirent pas comme eux les éléments essentiels d'une constitution démocratique ? Non ; l'expérience n'avait point encore parlé.

Il est à croire, d'ailleurs, que, dans le feu de la lutte, les Girondins exagéraient les droits de l'individu, comme, dans l'ardeur de la bataille, les Montagnards exagéraient, à leur tour, les droits de l'Etat, de l'unité qu'ils représentaient et défendaient. Puis, les circonstances étaient suprêmes : l'étranger s'amoncelait sur nos frontières, le royalisme conspirait à l'intérieur, et la Vendée poignardait la France par derrière,

Il y eut là un malentendu. Danton voulut t'éclaircir ; la faute de la Gironde fut de repousser les avances de ce grand homme. C'est mon grief contre elle.

Et quel enseignement tirer de cette sanglante leçon de l'histoire ? Gest que les partis vaincus doivent, durant les interrègnes, résoudre, par l'étude et sur le terrain de la