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science, les questions qui les divisent, afin de n'avoir pas plus tard à les trancher dans un champ clos.

Mais ce qu'il faut condamner et maudire, c'est la cruauté du châtiment infligé à des vaincus. Dans les îuttes intestines, où nul parti n'est exempt de fautes, l'exil, qui laisse vivre, l'ostracisme antique, est une peine suffisante, et qui défend de recourir aux sévérités irréparables. Le bourreau était de trop. Otezle, et j'absous le 31 mai, comme je voudrais pouvoir en ressusciter les victimes.

Et ce n'est pas indécision, mais équité.

Dans les histoires de la Révolution française, je ne comprends ni les apologies absolues, ni les admirations exclusives, ni les réprobations systématiques. Plus j'étudie cette grande époque, mêlée comme toutes les choses de ce monde de bien et de mal, plus je me confirme dans la conviction que chacun des partis qui se décimèrent portait en lui un fragment de la vérité, de la justice. Je ne conteste pas le courage de ceux qui condamnent résolument l'un ou l'autre de ces partis ; mais on me permettra de dire qu'il n : y a pas faiblesse non plus à rendre à chacun d'eux la justice qu'il mérite. Et le devoir des hom mes qui procèdent plus directement de l'un ou de l'autre des partis que la hache mutila, n'est pas de continuer par la plume un lutte fratricide, mais de reprendre, d'où qu'elles