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passe après. Par quel autre raisonnement un abbé Maury[1],

Dans la chaire, chrétien ; dans le fauteuil, athée ;

pourrait-il se persuader que l’ordre de ses pareils est le premier ?

Je défie qu’on me montre dans la société rien de plus méprisable que ce qu’on appelle un abbé. Qui est-ce, parmi eux, qui n’a pas pris la soutane, cette livrée d’un maître dont il se moque intérieurement, pour vivre grassement et ne rien faire ? Y a-t-il rien de plus vil que le métier de religion, le métier de continence, un métier de mensonge et de charlatanisme continuels ? Quelle différence y a-t-il entre notre clergé et celui de Cybèle, ces Galles si méprisés, qui se mutilent pour vivre ? Du moins il y avait, en faveur de ces prêtres de la déesse de Syrie, une forte présomption qu’ils ne se jouaient pas de la crédulité du peuple. Certes, un grand sacrifice prouvait leur foi.

Chose étrange ! un prêtre est eunuque de droit, et s’il l’est de fait, on le répute irrégulier et inhabile à la prêtrise. On en demandait à l’un d’eux la raison, qui semble difficile

  1. Le nom est en toutes lettres dans l’édition de 89. Par je ne sais quelle pudeur, l’édition de 1848 ne donne que l’initiale.