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d’hui que nous sommes tous clercs, que nous savons tous lire, il ne peut plus y avoir que deux ordres, et chacun doit rentrer dans le sien. Nous sommes tous clergé.

Si ce n’est pas comme clercs, comme lettrés, que les ecclésiastiques prétendent être un ordre à part, un premier ordre, ce n’est pas non plus comme ministres de la religion. La religion veut, au contraire, qu’ils aient le dernier rang. Le cahier de la ville d’Étain, après avoir cité une foule de textes : que leur règne n’est pas de ce monde, que s’ils veulent être les premiers dans l’autre, il faut qu’ils soient les derniers dans celui-ci, etc., leur fait ce dilemme admirable : Si vous croyez à votre Évangile, mettez-vous donc à la dernière place qu’il vous assigne ; soyez du moins nos égaux ; ou si vous ne croyez pas un mot de ce que vous dites, vous êtes donc des hypocrites et des fripons ; et nous vous donnons, très révérendissime père en Dieu monseigneur l’archevêque de Paris, six cent mille livres de rente pour vous moquer de nous : quidquid dixeris argumentabor.

Les prêtres, envoyant la contradiction entre leurs mœurs et leur morale ne point dessiller les yeux, et la facilité qu’ils ont partout de tromper les peuples et d’attirer leur argent, ont dû se dire : Quels imbéciles nous environnent ! Certainement nous sommes le premier ordre. Il est naturel que l’ordre des dupes