Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 152 —

vengea pas la nation, qu’il fit rire, et la mort de la femme de Louis Hutin, étranglée avec un linceul, le supplice affreux de Philippe et Gauthier de Launoi, le procès de Mahaut d’Artois, prouvent que l’injustice et la cruauté, chez ces despotes, allaient de pair avec l’avarice. Un trait dépeint ces règnes. Dans les instructions aux commissaires envoyés dans les provinces, pas un mot pour le bien public. On n’y parle que de la manière dont ils doivent s’y prendre pour attraper de l’argent.

Philippe de Valois. Sans forme de procès, il fait assassiner, par le bourreau, quatorze gentilshommes bretons. Il les avait priés à la noce de son fils. Voilà le tyran ; et voici le faux monnayeur. « Faites, dit-il aux officiers de la Monnaie, en son ordonnance de 1350, alloyer, par les marchands et changeurs, le billon à deux deniers six grains de loi, afin qu’ils ne s’aperçoivent de l’aloi, et défense aux tailleurs de relever ce fait. Faites-le tenir secret et jurer sur le saint Évangile. » Un particulier, pour tel méfait, irait à la Grève, ayant écriteau sur le dos avec ce mot : escroc. Mais on ne peut déshonorer les lis et le manteau royal d’une pareille épigraphe. Nos historiens se contentent de dire que Philippe VI fut ingrat, violent, et publicain insatiable.

Jean. Tout le monde connaît le mot du roi Jean : « Si la foi était exilée de la terre, elle