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devrait se retrouver dans la bouche d’un roi de France. » Admirez cette foi. Jamais on ne vit pareille mutation dans les monnaies. « Faites ouvrer les royaux, disait-il, ès coins de fer précédents. Afin qu’on ne s’aperçoive pas de l’abaissement, dites-leur bien qu’ils auront soixante-deux desdits écus au marc. » Telle est cette foi si vantée ! Et voilà ce prince vu du côté favorable.

Travaillée de mille maux sous tous ces règnes, et conduite à deux doigts de sa perte, par l’inexpérience et la majorité du roi Jean, la France reçoit quelque soulagement de Charles V. C’est un malade qui reprend un peu ses forces. Convalescence de courte durée ! Le règne de Charles VI, un des plus désastreux, n’est pour elle qu’une longue agonie. Ce n’est point Charles le Bien-Aimé qui pourrait faire aimer la monarchie. À ses côtés Isabelle de Bavière, mère dénaturée, s’applique à rendre le trône odieux.

Les plaies que cette étrangère avait faites à l’État, deux Françaises, Agnès et la Pucelle, aident à les fermer. Mais les plaies faites à la liberté ne cessent de s’agrandir. Charles VII se sert des besoins du royaume pour mettre des impositions sans le consentement des états généraux : « Et à ceci, dit Comines, consentirent, moyennant certaines pensions, » ces seigneurs qui s’obstinent aujourd’hui à demander le veto, sous prétexte qu’ils sont in-