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Henri II veut asservir ses sujets à ses opinions religieuses, et qu’on rampe à ses pieds, comme lui-même aux pieds d’une maîtresse surannée. Avec des mœurs aussi corrompues, il est hypocrite, despote et persécuteur comme son père. Il envoie à l’échafaud Anne du Bourg, et fait rendre au parlement ce bel arrêt qui ordonne de tuer tous les huguenots partout où on les trouvera.

Dans un règne de dix-huit mois, François II fait banqueroute, défend à ses créanciers, sous peine de mort, de demander leur payement ; il s’efforce de planter l’inquisition en France, donne les édits les plus atroces contre les protestants, fait périr des milliers de citoyens, et s’acharne contre son propre sang ; mais, me crie-t-on, c’est le cardinal de Lorraine qui fit tout le mal. Eh ! qu’importe au peuple ? Les ministres sont le crime des princes, et c’est au pasteur à ne pas confier le troupeau à un chien enragé.

Quel monstre lui succède ! Il extermine en une nuit cent mille de ses sujets. Il arquebuse de son palais son peuple ; et l’on viendra s’extasier sur la douceur, la bonté, les vertus héréditaires de cette famille incomparable, unique. Mais Néron, Vitellius, Caracalla, Commode n’étaient pas de la même famille. Oh ! oui, c’est une famille unique.

Henri III prouve qu’un prince faible est le pire des rois. La mollesse d’un Sardanapale,