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Toutes les places vendues, le masque levé par des courtisanes ; des enregistrements forcés sans nombre ; les parlements lançant autant de décrets de prise de corps contre les molinistes, que Fleury expédiait de lettres de cachet contre les jansénistes ; un roi levant sur ses sujets plus d’impôts que tous ses prédécesseurs ensemble ; les vols les plus violents et les plus infâmes ne réparant rien, parce que les fantaisies du jour engloutissent le pillage de la veille ; un contrôleur général faisant l’aveu public qu’il n’était en place que pour piller, et autant qu’il y excellait. La nation attachée au char d’une prostituée, qui décidait également du sort des princes et des peuples, du duc et pair et de l’histrion ; qui disgraciait un lâche cardinal, un vieil archevêque s’il ne lui baisait le derrière et le chancelier de France, s’il ne mettait du rouge et ne lui servait de bouffon. Au dedans, l’oppression et la misère, au dehors la faiblesse et le mépris ; le pavillon des Jean Bart, des Duguay-Trouyn, des Duquesne déshonoré sur toutes les mers. Enfin, chose horrible à penser, le roi faisant publiquement le monopole des grains, et affamant ses peuples pour entretenir une fille ! cent mille lettrés de cachet. Tel fut le règne de Louis le Bien-Aimé ; mais il ne fut pas méchant. Et qu’aurait-il fait de plus, s’écrie Mirabeau, s’il l’eût été ? Tarquin non plus, s’écriait Cicéron, n’était pas méchant. Il n’était