Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/171

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çons à l’Europe dans toutes les sciences, et déraisonnait, était dans une véritable enfance sur les principes du droit naturel, dans la seule science qu’on n’a pas besoin d’apprendre, et qui est gravée dans tous les cœurs. Le régent semble surpasser en audace toute cette suite de mauvais rois ; du moins le despotisme de Louis XIV ennoblit la nation, celui de la régence nous dégrada aux yeux de l’univers. Ce prince pouvait-il pousser plus loin l’outrage que de donner à la religion un évêque, à la nation un duc et pair, pour me servir de son expression, en ch… ? Il cherche dans les mauvais lieux de la capitale le débauché le plus crapuleux, un homme dont le nom salit l’imagination et présente l’idée de tous les vices, de toutes les bassesses et de toutes les ordures ensemble. Il en fait un pontife et ose le placer sur le siége du vertueux Fénelon. Sans doute ce prince athée voulut défier les morts, et s’affermir dans l’incrédulité d’une autre vie, puisque l’ombre de Fénelon ne se levait point du tombeau pour repousser l’infâme Dubois. Comme Amasis, le régent met un pot de chambre sur l’autel, et commande au peuple de se prosterner. Mais que craindre de ce peuple qui recevait du papier à la place de son or, et se contentait de chansonner le banqueroutier ? Grâce au ciel, enfin, nous ne faisons plus de chansons !