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bler à Phalaris ou à Pisistrate ? Je n’en sais rien, mais il en est le maître. Comment les peuples ont ils pu placer leurs espérances dans un seul homme ? Élevés loin de la cour et par les plus sages instituteurs, la plupart ne seront alors que de méchants rois. Les Césars, nés presque tous loin du trône, en furent-ils moins de mauvais princes ? La royauté, la puissance se corrompt d’elle-même. Que sert de préparer le vase ? c’est la liqueur qui ne vaut rien. Pourquoi juger les rois plus favorablement qu’ils n’ont fait eux-mêmes ? Écoutons un empereur rendre ce témoignage aux monarques : « Il ne faut que quatre ou cinq courtisans déterminés à tromper le prince pour y réussir ; ils ne lui montrent des choses que le côté qu’ils veulent. Comme ils l’obsèdent, ils interceptent tout ce qui leur déplaît, et il arrive, par la conspiration d’un petit nombre de méchants, que le meilleur prince est vendu, malgré sa vigilance, malgré même sa défiance et ses soupçons. »

C’est Dioclétien qui fait cet aveu. Il suppose le meilleur roi. Que dire d’un prince faible, d’un prince médiocre, d’un prince comme il y en a tant ? Point de bête plus féroce, dit Plutarque, que l’homme, quand à des passions il réunit le pouvoir.

Telle est l’idée qu’on a eue des rois dans tous les temps. Je parle de ceux qui ont été vraiment rois ; car il est ridicule de donner