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est tombée dans les derniers malheurs toutes les fois qu’elle s’est détachée de l’obéissance due à ses rois.

Je sais que l’on doit à l’autorité royale d’avoir détruit ces châteaux antiques, dont les ruines, liées au souvenir des désordres de ces temps, représentent encore à l’imagination la carcasse et les ossements des grandes bêtes féroces. Mais de bonne foi, avons-nous à craindre aujourd’hui que ces ossements ne se raniment ? Ces châteaux vont achever de n’être plus que les maisons de campagne des aristocrates déchus. De bonne foi, avons-nous à craindre de voir, comme du temps de la Fronde, une troupe de robins ou les Seize, comme du temps de la Ligue, ou Caboche et le prévôt Marcel, prendre les rênes du gouvernement ? Ce sera la nation qui se régira elle-même, à l’exemple de l’Amérique, à l’exemple de la Grèce. Voilà le seul gouvernement qui convienne à des hommes, aux Français, et aux Français de ce siècle.

N’est-ce pas se moquer, d’assimiler la monarchie au gouvernement paternel ? Le père commande, parce qu’il est père, parce que ses enfants tiennent tout de lui, parce que la nature répond de son amour et l’expérience de sa sagesse. Quelle parité y a-t-il entre un roi et une nation ? Mettez d’un côté Louis XVI et de l’autre l’Assemblée nationale. De quel côté seront les lumières et l’expérience ? À