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de la raison toute nue aux prises avec la force, et victorieuse.

Déjà la plus étonnante merveille s’est opérée. Nos soldats ont jeté bas les armes. L’exemple qu’ont donné les gardes françaises ne sera point perdu pour l’armée. Braves soldats, venez vous mêler parmi vos frères, recevoir leurs embrassements. Nous allions nous entr’égorger : venez, mes amis, recevez les couronnes civiques qui vous sont dues. Vous avez ennobli vos épées ; maintenant elles sont honorables ; maintenant vous n’êtes plus les satellites du despote, les geôliers de vos frères, vous êtes nos amis, nos concitoyens, les soldats de la patrie ; maintenant vous n’avez plus une livrée, vous avez un uniforme. Venez vous asseoir à nos tables ; portons ensemble un toast à la santé des augustes représentants du peuplé français, à la santé de l’immortel Necker, du duc d’Orléans, et que depuis les Alpes et les Pyrénées jusqu’au Rhin on n’entende plus que ce seul cri : Vive la nation ! vive le peuple français !

Comme la face de cet empire est changée ! comme nous sommes allés à pas de géants vers la liberté ! Altérés d’une soif de douze siècles, nous nous sommes précipités vers sa source dès qu’elle nous a été montrée. Il y a peu d’années, je cherchais partout des âmes républicaines, je me désespérais de n’être pas né Grec ou Romain, et ne pouvais pourtant