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nos seigneurisés, qu’il en périsse jusqu’au nom et à la mémoire. Suppression de ce tribunal arbitraire des maréchaux de France. Suppression des tribunaux d’exception. Suppression des justices seigneuriales. La même loi pour tout le monde. Que tous les livres de jurisprudence féodale, de jurisprudence fiscale, de jurisprudence des dîmes, de jurisprudence des chasses, fassent le feu de la Saint-Jean prochaine ! ce sera vraiment un feu de joie, et le plus beau qu’on ait jamais donné aux peuples. Qu’on extermine surtout cette robe grise, cette police, l’inquisition de la France, le vil instrument de notre servitude, ces milliers de délateurs, ces inspecteurs, la lie du crime et le rebut des fripons même. Qu’il fuie de la terre des Francs, l’infâme qui, depuis l’ouverture des États généraux, aurait dénoncé un citoyen ; qu’il fuie ou qu’il soit sûr que le fer ardent du bourreau le poursuit, qu’il l’atteindra, et lui imprimera sur la joue le mot espion, afin qu’on le reconnaisse. Qu’on détruise un autre espionnage plus odieux encore ; du moins je me défie de la police : mais je me fie à la poste, et elle me trahit ; le commis de la barrière ne fouille que dans ma poche, celui de la poste fouille dans ma pensée ; que le secret des lettres soit inviolable. Que les vils fauteurs du despotisme, que les d’Esprémesnil, que Moreau, que Linguet, que l’abbé Maury, l’abbé Roy, que