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Condé, que Conti, que d’Artois vivent[1] ; qu’ils respirent pour montrer notre tolérance ; mais que le mépris s’attache à leurs pas ; qu’ils ne marchent qu’investis de l’exécration publique, qu’au milieu de leurs valets et de leur faste, ils soient devant nos yeux et dans l’opinion comme ces traîtres que les Germains plongeaient dans la vase, dans le bourbier, dans une mare, et où ils les tenaient enfoncés jusqu’aux oreilles. La Bastille sera rasée, et sur son emplacement s’élèvera le temple de la liberté, le palais de l’Assemblée nationale. Peuples, on ne lèvera plus sur vous d’impositions royales, mais nationales, et pas un denier au delà des besoins de l’année. Le trésor national, l’armée nationale composée de mil-

  1. Delaunai, Flesselles, Foulon, Berthier, ont été punis plus exemplairement. Quelle leçon pour leurs pareils, que l’intendant de Paris, rencontrant au bout d’un manche de balai la tête de son beau-père, et une heure après sa tête à lui-même, ou plutôt les lambeaux de sa tête au bout d’une pique ; ensuite son cœur et ses entrailles arrachés et portés en triomphe ; enfin le corps décapité, traîné aux flambeaux dans les rues, couvert de sang et de boue, et devant, un citoyen qui criait : Laissez passer la justice du peuple ! justice épouvantable ! Mais l’horreur de leur crime passe encore l’horreur de leur supplice. Les voilà donc enfin disparus ces traîtres qui voulaient nous égorger sans forme de procès. Ils ont subi la peine du talion. Les uns sont morts, la fuite a sauvé tout le reste. Comme les Tarquins, qu’ils ne rentrant jamais dans le pays d’où ils sont chassés.
    (Note de Desmoulins.)