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terie qui remplit tout le moyen âge sur la potence, la corde, les pendus, etc. Ce supplice hideux, atroce, qui rend l'agonie risible, était le texte ordinaire des contes les plus joyeux, l'amusement du populaire, l'inspiration de la basoche. »

Oui, M. Michelet a raison, cet horrible supplice a eu toujours le privilège d'égayer nos bons aïeux l : cela est triste à dire, incompréhensible ; pourtant rien n'est plus vrai. Et ce n'est pas seulement le moyen âge que la pendaison réjouissait si fort : Mob'ère, Regnard, Lesage, nos comiques, nos chansonniers, trouvent là une matière inépuisable de plaisanteries. Elles ne roulent, dira-t-on, le plus souvent que sur des fictions... — Supposez un

i Les royalistes ne s'en faisaient pas faute ; on trouve les vers suivants, dans les Actes des Jpôtres, au sujet de la nomination de Robespierre au tribunal de Versailles :

« Monsieur le député d'Arras,
Versailles vous offre un refuge ;
De peur d'être jugé là-bas,
Ici constituez-vous juge.
Juger vaut mieux qu'être pendu...
Je le crois bien, mon bon apôtre ;
Mais différé n'est pas perdu,
Et l'un n'empêchera pas l'autre.

Arnault, qui n'était certes ni un fanatique, ni un homme cruel, nous apprend lui-même, dans ses Souvenirs, qu'il était l'auteur de ces vers, et il ne semble pas embarrassé de cet aveu.