Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/21

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moment qu'un auteur moderne se permit des gentillesses analogues, elles seraient repoussées avec horreur et dégoût. Cette différence seine suffit pour mesurer le progrès que l'humanité a fait depuis la Révolution. D'ailleurs, le ton ne change pas, quand il s'agit d'événements réels : lisez Madame de Sévigné, cette femme si douce et si sensible ; que dites-vous de ces légèretés sur les atroces exécutions qui désolent la Bretagne !

« Dans l'état où sont les choses, il ne faut pas de remèdes anodins... On dit que nos mutins demandent pardon ; je crois qu on leur pardonnera, moyennant quelques pendus... Nous avons trouvé ce matin deux gros vilains pendus à des arbres sur le grand chemin : nous n'avons pas compris pourquoi des pendus ; car le bel-air des grands cnemins, il me semble que ce sont des roués : nous avons été occupés à deviner cette nouveauté ; ils faisaient une fort vilaine mine, et j'ai juré que je vous le manderais... Avant-hier on roua un violon qui avait commencé la danse et la pillerie du papier timbré ; il a été écartelé après sa mort, et ses quatre quartiers exposés auxquatre coins de la ville. On a pris soixante bourgeois : on commence demain à pendre. Cette province est un bel exemple pour les autres, et surtout de respecter les gouverneurs et les gouvernantes, de ne point leur dire d'injures 1, et de ne point jeter des pierres

  • Voici ce qu'on punissait ainsi, toujours selon Ma »