Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 8 —

Citoyens, je veux me rendre digne de l’honneur qu’on m’a fait de me choisir. Le public se groupe et se renouvelle sans cesse autour de moi. Je n’ai pas perdu un mot de ce qui s’y est dit ; j’ai beaucoup observé, et je demande aussi la parole.

Avant de venir aux reproches que je voudrais bien n’avoir point à faire à la Nation, d’abord elle recevra de moi les compliments qui lui sont dus. Dans les dernières ordonnances, on remarque un style tout nouveau. Plus de Louis, par la grâce de Dieu ; plus de car tel est notre plaisir. Le roi fait à son armée l’honneur de lui écrire ; il demande aux soldats leur affection. Je n’aime pas qu’il la demande au nom de ses ancêtres, et on voit bien que le libraire Blaizot, ne lui a point remis d’exemplaire d’une certaine brochure où on a fait les portraits de ses pères[1]. Au demeurant, la lettre est des plus polies. Le nouveau secrétaire de la guerre connait les bienséances, et ce style m’enchante.

N’avez-vous pas remarqué encore que le cri de vive le roi n’est plus si commun, et vieillit comme le cri Montjoie Saint-Denis. Autrefois, si les Parisiens avaient donné au prince un vaisseau, ou accordé un octroi, au lieu de crier : Vive la bonne ville de Paris, on criait : Vive le roi ! Si nous avions battu

  1. La France libre.