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les Impériaux, au lieu de crier : Vive nos soldats ! vive Turenne ! sous leurs tentes remplies de blessés, les bonnes gens criaient : Vive le roi ! pendant qu’à cent lieues de là, le roi reposait mollement sous les pavillons de la volupté, ou poursuivait un daim dans la forêt de Fontainebleau. — Dernièrement encore dans la nuit du 4 août, lorsque la noblesse et les communes disputaient de sacrifices, se dépouillaient à l’envi, et qu’on entendait de toutes parts dans l’Assemblée nationale ces mots touchants : Nous sommes tous égaux, tous amis, tous frères ; au lieu de s’écrier : Vive le vicomte de Noailles, vive le duc d’Aiguillon, vive Montmorenci, Castellane, vive Mirabeau qui leur a donné l’exemple, vive la Bretagne, vive le Languedoc, l’Artois et le Béarn, qui sacrifient si noblement leurs priviléges, n’a-t-on pas vu M. de Lally s’égosiller à crier : Vive le roi, vive Louis XVI, restaurateur de la liberté française ! Il était lors deux heures après minuit, et le bon Louis XVI, sans doute dans les bras du sommeil, ne s’attendait guère à cette proclamation, à recevoir, à son lever une médaille, et qu’on lui ferait chanter, avec toute la cour, un fâcheux Te Deum pour tout le bien qu’il venait d’opérer. M. de Lally, rien n’est beau que le vrai.

Aujourd’hui l’Assemblée nationale semble mieux sentir sa dignité. M. Target en a fait