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gent, à la naissance, et au prince, pour les donner à la nation et au mérite. C’est cette nuit qui a ôté à une Madame de Béarn sa pension de quatre-vingt mille livres, pour avoir été si dévergondée que de présenter la du Barry ; qui a ôté à Madame d’Espr. sa pension de vingt mille livres, pour avoir couché avec un ministre. C’est cette nuit qui a supprimé la pluralité des bénéfices, qui a ôté à un cardinal de Lorraine ses vingt-cinq ou trente évêchés, à un prince de Soubise ses quinze cent mille livres de pension, à un baron de Besenval les sept à huit commandements de prince, et qui a interdit la réunion de tant de places qu’on voit accumulées sur une seule tête dans les épîtres dédicatoires et les épitaphes. C’est cette nuit qui a fait le curé Grégoire évêque, le curé Thibaut évêque, le curé du vieux Pousanges évêque, l’abbé Syeyès évêque. C’est elle qui ôte aux Éminences la calotte rouge, pour leur donner la calotte de saint Pierre ; qui a ôté à Leurs Excellences, à Leurs Grandeurs, à Leurs Seigneuries, à Leurs Altesses, ce ruban bleu, rouge, vert,

Que la grandeur insultante
Portait de l’épaule au côté,
Ce ruban que la vanité
A tissu de sa main brillante.

Au lieu de ce cordon de la faveur, il y aura