Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 18 —


donnés sous une forme qui nous révolte sans doute aujourd'hui, mais qui seule était capable alors de les faire accepter dans l'état de fureur et de défiance où étaient tous les esprits i Nous avons condamné en toute rigueur l'idée première de ce pamphlet ; et cependant, ce tftre même et ces violences de langage n'étaient peut-être que le passeport indispensable de toute pensée de modération... Triste situation que celle où l'on est obligé d'être cruel dans son langage, pour acheter le droit de prêcher le respect de l'humanité.

On doit croire que les hommes les moins sanguinaires de l'Assemblée nationale en jugeaient ainsi, quand on voit MM. de Montmorency, de Castellane, l'abbé Sieyès, et surtout Target et Mirabeau, donner leur approbation sans réserve au Discours de la Lanterne.

Mais, dit-on, Camille a pris lui-même le titre de procureur général de la lanterne. — • Il ne l'a pas pris, il l'accepte pour un moment dans les premiers numéros des Révolutions de France ; il accepte, par une forfanterie blâmable, un titre que l'on trouvait plus plaisant qu'odieux : mais bientôt il déclare qu'il a donné sa démission de cette charge, qui, du reste, n'avait coûté la vie à personne. On rencontre plusieurs fois, il est vrai, dans les Révolutions de France, la menace suivante