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Gare la lanterne, Monsieur Maury 1[1] ! Mais il faut tenir compte de l’irritation extrême des esprits ; il faut se souvenir que cet échange de menaces était le langage habituel de tous les partis, que les journaux royalistes 2[2], en fait de violences et de provocations sangui-

  1. 1 Le parti clérical n’était pas sur ce point en reste de violence avec ses adversaires. Dans un pamphlet, intitulé Dictionnaire laconique ou Etrennes aux démagogues, on trouve ceci, à l’article Foin : « On a mis du foin dans les bouches de Foulon et de Berthier, dont on a promené les têtes dans Paris. On devrait bien faire le même traitement aux infâmes qui osent porter une main sacrilége sur les biens du clergé et les apanages de la noblesse, après avoir fait brûler à petit feu ces maudites sangsues de nos propriétés individuelles. »
  2. 2 Comme nous ne voulons pas dissimuler les excès de Camille Desmoulins, pas plus que ses services, nous sommes obligés de citer un odieux passage, que nous trouvons plus tard, dans le n° XXXVI des Révolutions : il s’agit de Necker et de Saint-Priest, qu’il accuse de trahison, et qu’il voudrait voir juger (par les tribunaux réguliers, il est vrai : et, dans sa haine contre ces deux ministres, il va jusqu’à dire : « Leurs squelettes desséchés auraient été une grande leçon aux aristocrates, et les oscillations salutaires de ce double pendule ministériel auraient remonté la machine détraquée de la Constitution. » Il sent si bien ce qu’il y a d’affreux dans cette gentillesse, qu’il s’en excuse aussitôt par l’exemple de Cicéron, déclarant à Pison et à Gabinius, en plein sénat, qu’il aurait une joie bien vive de les voir tous deux suspendus au gibet, etc. — Mettons en regard de cette phrase de Camille celle-ci, que nous empruntons au journal royaliste de Rivarol : « Il faudrait livrer un Charles Lameth, un Barnave, un Duport, un Robespierre, un évèque d’Autun, un Mirabeau l’aîné, un Chapelier, un Dubois-Crancé, qui insultent toute l’armée, pour en faire la justice la plus sévère, et se re-