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tait encore d’avoir dit ce mot terrible : « Il faut faucher la France… »

Le vieux croyait, par ses bravades, plaire au jeune parti militaire, se recommander pour le jour qu’il voyait venir, où la cour, voulant frapper quelques coups désespérés, chercherait un hardi coquin.

Foulon avait un gendre selon son cœur, un homme capable, mais dur, de l’aveu des royalistes, Berthier, intendant de Paris, homme de peu de scrupule, puisqu’il avait épousé une fortune acquise ainsi. Venu de bas, d’une race de procureurs aux petits juges de province, il était rude au travail, actif, énergique. Libertin à 50 ans, malgré sa nombreuse famille, il achetait partout, dit-on, des petites filles de 12 ans. Il savait bien qu’il était détesté des Parisiens. Il fut trop heureux de trouver l’occasion de leur faire la guerre. Avec le vieux Foulon, il était l’âme du ministère des trois jours. Le maréchal de Broglie n’en augurait rien de bon, il obéissait. Mais Foulon, mais Berthier étaient très ardents. Celui-ci montra une activité diabolique à rassembler tout armes, troupes, à fabriquer des cartouches. Si Paris ne fut pas mis à feu et à sang, ce ne fut nullement sa faute.

On s’étonne que des gens si riches, si parfaitement informés, mûrs d’ailleurs et d’expérience, se soient jetés dans ces folies. C’est que les grands spéculateurs financiers parti-