Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/32

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nuelles que lui adressent le s champions de la royauté *, il s'écrie :

« Je me sens la force de mourir sur un écha » aud avec un sentiment de plaisir, et en disant comme lord Lowat : Dulce et décorum est pro patria mori. Je mourrais avec honneur, assassiné par Sanson (le bourreau), mais l'être par le spadassin qui me provoque, c'est mourir piqué par la tarentule. Qu'on m'accuse de lâcheté, si l'on veut. Si avoir dédaigné le rendez-vous d'un assassin, avec qui je n'ai rien à démêler, c'est, comme ce Lacédémonien, avoir fui aux Thermopyles, la bataille de Platée est proche, où je saurai me justifier ! Je crains bien que malheureusement le temps ne soit pas loin où les occasions de

i II y eut pendant quelque temps comme une croisade des royalistes contre les députés révolutionnaires : Lametii et Barnave eurent la sottise d'accepter les cartels que leur envoyèrent le duc de Castries et Cazalés ; le premier fut blesse d'un coup d'épée ; le second atteignit Cazalés d'une balle au front. On sait avec quel dédain Mirabeau accueillait ces cartels : « Très bien, disail-il un jour en recevant une provocation de ce genre ; mais je ne puis vous satisfaire avant la fin de la session. Je ne manquerai pas de vous inscrire comme les autres, mais je vous préviens qu'il y en a déjà quatre-vingt-quatre, qui doivent passer avant vous. » Cela devint si fort, qu'un jeune homme, alors simple officier, depuis général, Boyer, non moins bretteur que ces Messieurs, mais très dévoué à la révolution, fit publier dans les journaux du temps une note ainsi conçue : « Considérant que la personne des représentants est inviolable, etc., M. Boyer prévient qu'il prendra pour lui tous les duels que MM. les royalistes croiront devoir offrir à MM. les représentants. •