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verselle, et aussi ancienne que le genre humain. Nous n’avons fait qu’enlever la rouille du temps qui couvrait cet article des Droits de l’homme. Nous n’avons qu’à faire lire à nos commettants, et rétablir dans toute sa pureté, le texte de la loi naturelle, de cette loi gravée du doigt de Dieu sur un airain impérissable, et dont il n’a jamais été au pouvoir ni du despotisme, ni des constituants de déchirer les pages. Or, ce code primitif et commun à toutes les nations porte qu’aucune loi n’est obligatoire, si elle n’est consentie au moins tacitement et librement par le peuple. Ici tant s’en faut que cette loi de l’inviolabilité de Louis XVI ait été consentie par la nation ; qu’on se rappelle, au contraire, les réclamations généreuses de Paris spécialement contre cette inviolabilité, dans la pétition du Champ de Mars. Il accourait en foule y signer sur l’autel de la patrie cette pétition trop fameuse pour demander le jugement de Louis XVI, arrêté à Varennes la main dans le sang, comme a dit heureusement Saint-Just ; lorsque les satellites du tyran, pour lui conserver son inviolabilité en projet, ont fusillé les citoyens qui usaient paisiblement d’un droit sacré. Ce n’est que par une Saint-Barthélemy que Louis XVI a interrompu le cours des signatures qui, de toutes les parties de la France, allaient bientôt se grossir en torrent et submerger son trône. Ils existent encore,