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LE VIEUX CORDELIER

No II[1]

Décadi 20 frimaire,
l’an II de la République une et indivisible (10 déc. 1793).

On me reprochait sans cesse mon silence, et peu s’en fallait qu’on ne m’en fît un crime. Mais si c’est mon opinion, et non des flagorneries qu’on me demande, à quoi eût-il servi

  1. C’est le 5 qu’avait paru le premier numéro du Vieux Cordelier. Les terribles n’en furent pas contents ; Robespierre n’en fut pas satisfait non plus, et il demeura convenu, entre Camille et lui, qu’avant de faire tirer sa feuille, le journaliste en soumettrait les épreuves à ce censeur paterne et infaillible.

    Aussi le deuxième numéro se ressent-il de l’influence du correcteur. C’est Robespierre, je n’en doute pas, qui inspira cette diatribe, violente, fanatique, contre Chaumette et Clootz. Le jour où Camille porta la main sur Chaumette et sur Clootz, il fit plus qu’une étourderie d’écolier soufflé par son « cher camarade » Robespierre, plus qu’une faute d’État ; il commît une faute de cœur, un fratricide. L’histoire a-t-elle le droit d’être plus sévère encore ? Camille aurait-il eu peur ? Attaqué depuis longtemps aurait-il voulu donner des gages à ceux qui l’avaient lancé et relancé quelques jours auparavant ? Aurait-il cherché son salut dans une lâcheté cruelle ? Je n’ose le présumer. Mais il me sera bien permis de regretter sa victime, de déplorer la mort d’Anacharsis Clootz. C’est un des crimes de la Terreur. Après cela, s’il était permis de trouver jolie la phrase qui égorge, ce pamphlet est admirable. C’est