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Quand on a trompé si longtemps les hommes, on abjure. Fort bien. Mais on cache sa honte ; on ne vient pas s’en parer, et on demande pardon à Dieu et à la Nation.

Il a mis à leur place ces hypocrites de patriotisme, qui, aristocrates dans l’Assemblée constituante, et évêques connus par leur fanatisme, tout à coup éclairés par la raison, montaient les premiers à l’assaut de l’église Saint-Roch, et par des farces indécentes et indignes de la majesté de la Convention, s’efforçaient de heurter tous les préjugés, et de nous présenter à l’Europe comme un peuple d’athées, qui, sans constitution comme sans principes, abandonnés à l’impulsion du patriote du jour et du jacobin à la mode, proscrivaient et persécutaient tous les cultes, dans le même temps qu’ils en juraient la liberté. À la tête de ces hommes, qui, plus patriotes que Robespierre, plus philosophes que Voltaire, se moquaient de cette maxime si vraie,

Si Dieu n’existait pas il faudrait l’inventer,

on distinguait Anacharsis Cloots, l’orateur du genre humain. Cloots est Prussien ; il est cousin germain de ce Proly, tant dénoncé. Il a travaillé à la Gazette universelle où il a fait la guerre aux patriotes, je crois, dans le temps du Champ de Mars. C’est Guadet et Vergniaud qui ont été ses parrains, et l’ont fait naturaliser citoyen français, par décret de