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Tant d’exemples prouvent ce que je disais tout à l’heure, que la clémence, distribuée avec sagesse, est la mesure la plus révolutionnaire, la plus efficace, au lieu que la terreur n’est que le Mentor d’un jour, comme l’appelle si bien Cicéron : Timor non diuturnus magister officii. Ceux qui ont lu l’histoire savent que c’est la terreur seule du tribunal de Jeffreys et de l’armée révolutionnaire que le major Kirch traînait à sa suite, qui amena la révolution de 1689. Jacques II appelait en riant la campagne de Jeffreys cette sanglante tournée de son tribunal ambulant. Il ne prévoyait pas que son détrônement terminerait la fin de cette campagne. Si on consulte la liste des morts, on verra que ce chancelier d’Angleterre, qui a laissé un nom si abominable, était un petit compagnon en comparaison du général ministre Ronsin, qu’on peut appeler, d’après son affiche, l’Alexandre des bourreaux.

Citoyens collègues, il semble qu’un montagnard n’aurait point à rougir de proposer les mêmes moyens de salut public que Brutus et Thrasybule, surtout si on considère qu’Athènes se préserva de la guerre civile pour avoir suivi le conseil de Thrasybule, et que Rome perdit sa liberté pour avoir rejeté celui de Brutus. Cependant je me garde bien de vous présenter une semblable mesure. Arrière la motion d’une amnistie ! Une indul-